De nombreux enfants ne partagent pas leurs jouets et font souvent preuve l’égoïsme. Les raisons de ce comportement « moi je moi je » chez les enfants sont nombreuses. Des chercheurs allemands ont récemment tenté d’analyser les mécanismes du cerveau favorisant l’égoïsme. Etude révélatrice ou approche réductionniste ?
Pour de nombreux psychologues, l’égoïsme de l’enfant est une étape naturelle. Les petits n’ont pas encore acquis toutes les capacités des adultes. Ils font petit à petit l’apprentissage du partage lorsqu’ils commencent à jouer à des jeux associatifs à partir de 3-4 ans.
Le cortex préfrontal pas assez développé
Des chercheurs allemands ont alors tenté d’expliquer les comportements égoïstes des enfants à travers une analyse des mécanismes cérébraux. Cette étude, publiée dans la revue Neuron, révèle que l’égoïsme chez les enfants serait dû à l’immaturité de leur cerveau et plus particulièrement au développement tardif du cortex préfrontal, à l’origine du contrôle de soi. Pour parvenir à ce constat, ils ont analysé plus de 174 enfants âgés de 6 à 13 ans. En situation de jeux et de partage de récompenses, il s’est avéré que les petits restaient hostiles à prêter leurs jouets, même en sachant que l’absence de partage entrainait une sanction. Selon les chercheurs, la zone cérébrale en question n’atteindrait sa maturité qu’à partir de 10 ans. Jusqu’à cet âge, il serait alors normal que les petits répondent à des pulsions et ne partagent pas leurs jouets.
Une étude réductrice
Mais selon Serge Bronstein, neuropsychiatre, on ne peut réduire l’explication du comportement égoïste à la seule question du cortex préfrontal : « Il ne faut pas généraliser. Le cerveau fonctionne en synergie et de manière associative avec toutes les parties qui le compose. Il n’y a pas que le préfrontal qui joue sur le contrôle des impulsions mais également le système limbique* , premier lieu de l’affectivité.». Un constat partagé par Yann Rougier, chercheur en neurosciences : « il se peut qu’à un certain moment, un développement moins rapide de la zone frontale puisse être relié à un terrain plus propice à l’égoisme.
Néanmoins, il faut souligner la qualité première d’un cerveau en construction : sa plasticité. Un cerveau jeune et immature possède donc des capacités illimitées de développer et regénerer des zones déficientes du cerveau, à condition qu’elle soient sollicitées… »
L’éducation fait 70 % du boulot !
Selon ce dernier, l’expression de la personnalité de l’être humain et son évolution n’est pas menée par sa structure mentale héritée à la naissance, mais par l’évolution éducative de cette même structure mentale : « je reste convaincu que les prédispositions cérébrales (en dehors de la pathologie) influencent ce comportement à 30 %. Le reste est déterminé, bien heureusement, par le contexte éducatif. » Selon Serge Bronstein, « le stade d’imprégnation de l’enfant, qui se situe entre 0 et 4 ans, reste très important. A partir de cet âge, les jeux sont faits, même si des ajustements sont encore possibles. ». Les parents peuvent y remédier en parlant calmement à l’enfant et en lui expliquant les règles de vie en communauté. Il faut ainsi l’aider à s’ouvrir au monde extérieur Selon la pédiatre Edwige Antier, le jeu serait un bon moyen pour aider l’enfant à être plus attentif aux autres. « Si vous lui apprenez par exemple à construire des scénarios ou les objets s’échangent, vous favorisez chez lui la naissance de l’empathie et la capacité à ressentir l’émotion de l’autre. » Il faut également lui faire comprendre que « prêter ce n’est pas donner ».
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